Semence héritage
De
quelles semences a besoin un jardinier bio ?
Dans un jardin bio, la
priorité est de créer les conditions favorables au développement de plantes
vigoureuses où l’utilisation de pesticides devient obsolète.
Les variétés anciennes (héritage) sélectionnées pour leur résistance multigénique (ou variabilité génétique) y trouvent naturellement leur place. Cette forme de résistance aux maladies et ravageurs repose sur plusieurs gènes. Elle est plus durable que les résistances monogéniques (basées sur un gène) des hybrides. De même, des variétés locales adaptées au terroir sont moins sensibles à des attaques de parasites et prédateurs. Par ailleurs, la diversité des espèces et variétés au potager met le jardinier bio à l’abri d’une perte massive de sa production quelles que soient les conditions climatiques de la saison à venir. En dehors des conservatoires, des producteurs et associations proposent de larges gammes de variétés intéressantes sur le plan gustatif aux formes et aux couleurs surprenantes à découvrir.
Par ailleurs, les pratiques du jardinier bio sont destinées à préserver la qualité de la terre, de l’air et de l’eau. C’est pourquoi il privilégie aussi l’approvisionnement en semences biologiques. En effet, la production de semences indemnes de contamination par des graines de mauvaises herbes implique un désherbage méticuleux. En cultures de semences bio, le désherbage s’effectue par des interventions mécaniques. Par contre, les graines conventionnelles sont cultivées avec force de pesticides ce qui est incohérent avec la pratique du jardinage biologique.
Et les hybrides ? Les
caractéristiques d’une variété hybride ne se retrouvent pas dans ses graines
filles. De ce fait, l’utilisation systématique de variétés hybrides induit une
dépendance à l’achat chaque année de nouvelles semences. Cette dépendance est
soumise au choix de production des semenciers qui s’est souvent fait au
détriment des variétés anciennes. De plus, puisque leurs graines ne sont pas
ressemées, les hybrides ne participent pas à l’évolution des semences, le garant
de l’adaptation concomitante des graines et de leur environnement. Ces variétés
hybrides sont vendues sous l’identifiant F1 ce qui signifie hybride de 1ère
génération.
Soutenir
la biodiversité, pourquoi, comment ?
Tout jardinier peut revendiquer la souveraineté de la production de semences en achetant ses graines auprès de réseau de producteurs de semences indépendants. Les nombreuses fêtes de trocs de graines et bourses d’échanges offrent par ailleurs la possibilité de participer à la diffusion de graines, à la libération de la semence diraient certains… Enfin, semer des variétés de graines locales est une façon de contribuer à faire vivre le patrimoine culturel de nos régions.
Evolution
de la sélection des semences
Fruit de la fécondation,
la graine est le résultat d’une combinaison génétique originale et inédite.
Depuis la naissance de l’agriculture, le cultivateur a appris à repérer les
caractères d’une plante qui l’intéressaient (précocité, résistance,
productivité, goût…) et à sélectionner les graines correspondantes. Bien
souvent, il a encouragé de nouveaux mélanges pour créer des variétés aux
qualités complémentaires. Ainsi, au fil des campagnes de culture et au hasard
des rencontres de pollens et de stigmates*, le patrimoine culturel des semences
s’est étoffé sous l’œil vigilant des générations de paysans et jardiniers.
L’intervention de l’être humain dans ce ballet des chromosomes s’est faite de
plus en plus pressante, jusqu’à la création récente des organismes
génétiquement modifié (OGM). La sélection des graines est effectuée par
quelques multinationales de l’industrie agrochimique (entre 8 et 10 pour toute
la planète). Leurs critères de sélection sont basés sur les contraintes de
l’agriculture productiviste : forte productivité, aspect irréprochable,
tolérance aux pesticides, bonne réponse aux engrais minéraux, longue
conservation et bonne résistance au transport pour une commercialisation en
circuit long, sur des centaines de kilomètres. Résultat : 80% des variétés de
légumes cultivées en France ont disparu en 50 ans (source l’Ecologiste n°14).
Patrimoine culturel, témoin vivant de l’adaptation des plantes aux
modifications de l’environnement, réservoir de substances pour usages
thérapeutiques ou garant d’une indépendance alimentaire : les enjeux autour de
la biodiversité sont multiples.
* organe femelle de la fleur
Source; http://www.terrevivante.org/